Sous la terre, un machin – une bribe de rien –
Très dur et un peu rond… Non : plutôt biscornu…
Vraiment un petit truc ! A un pied au-dessus
La terre est froide et noire ; et notre quotidien
N’est fait que de brouillard et de morne froidure
Car c’est encor l’hiver. Mais sous le sol gelé,
Bien qu’il soit tout serré à presque en étouffer,
Le machin assouplit sa grise coque dure.
Dans le ciel, le soleil vraiment un peu flemmard
Depuis quelque trois mois commence à s’éveiller.
Affûtant ses rayons il se met à chauffer
La triste lande froide où tout est en retard.
Le petit rien du tout a senti la chaleur :
Il éclate soudain en minuscule ver
Qui sort tout palpitant : car ne voir qu’à l’envers
Le monde du dessus, très peu pour une fleur !
Eh oui, c’est une graine ! Un presque pissenlit
Se pressant tant et plus pour trouer le sol blanc
De son petit museau qui verdit lentement.
Quand il émerge enfin, il est tout ébloui !
Il ne lui reste plus qu’à pousser à tue-tête
En se gobergeant d’eau, de soleil, de lumière ;
Et il n’est pas trop seul sur cette vaste terre
Puisqu’il est le voisin de blanches pâquerettes…