Là-haut le ciel est bleu, si bleu qu’il exagère
Car on le croirait faux, peint par un peintre fou.
Pas un nuage, rien ! Pureté mensongère :
Nous sommes à Noël, pas bien loin de Coudoux
Au cœur de la Provence. ; et c’est un ciel d’été
Qui est posé serein sur les toits du village !
Le tout petit soleil qui le fait miroiter
Ressemble à un galet déposé sur la plage.
Tout invite à sortir pour une promenade
Dans la garrigue nue, en oubliant l’hiver.
On devrait se méfier car des dégoulinades
De gel pendent tout droit des chênes toujours verts.
On a juste le temps d’entrebâiller la porte :
Un frimas sibérien se rue dans la maison !
Si ce ciel est si bleu et si pur c’est en sorte
Qu’on oublie que le gel est à son diapason !
Il fait si froid dehors que tout est calcifié
Dans le jardin figé tel un monde de marbre.
Le jet de la fontaine est même pétrifié,
Comme le sont aussi les buissons et les arbres.
On ne va pas sortir ! On aurait bien trop peur
Que notre pauvre nez congelé ne se brise !
On va rester au chaud, dans la douce torpeur
De la maison bien chaude à la tiédeur exquise.