Venez les mots, venez ! Venez m’aider à vivre.
Ma vie devient trop dure et je ne peux plus suivre…
Il n’y a plus que toi, Poésie – quelle ivresse !
Qui me fais oublier un peu cette détresse
Qui oppresse mon corps un peu plus chaque jour.
Il faut que je « poème », et que comme toujours
Le vertige des mots m’emporte loin d’ici.
La vieillesse est bien là. Ne reste que l’esprit.
Je vacille souvent, marcher est difficile.
Allez, jeunes, courez ! C’est pour vous si facile,
Et vous regretteriez plus tard votre paresse !
Vous avez tout pour vous : allant, force et adresse…
En moi, pauvre de moi, tout part en petits bouts !
Quels efforts pour garder l’art de rester debout,
Ne plus y parvenir est vraiment inhumain,
La station sur deux pieds étant propre aux Humains !
Mais par chance pour moi, c’est la posture assise
Qui convient aux poètes, et ces mots qui me grisent
Sont là pour effacer la dégénérescence
De ce corps affaibli et qui en prend conscience.
Mais Erato* est là, m’aidant à l’oublier
En refaisant le monde tout comme il serait
S’il était un poème. Oublions la douleur
D’un corps qui se délite, et effaçons la peur
De voler jusqu’en haut du Grand Tout qui s’annonce.
J ‘ai déjà ressenti plusieurs coups de semonce !
Alors, venez les mots : il faut que mon poème
Finisse forcément par les trois : « je-vous-aime » !
* Erato : Déesse de la Poésie chez les Grecs