On meurt à petit feu. Chaque soir une flamme
S’éteint dans le cerveau, diminuant l’ardeur
Qui le rendait actif… Et peu à peu notre âme
Accepte le départ avec bien moins de peur
Et de protestation qu’on ne le pourrait croire.
Moi, je suis fatiguée. J’ai vécu si longtemps…
Profitez de la vie, et jouissez d’en boire
La plus petite goutte, le plus petit instant
De bonheur qu’elle donne, mes amis encor jeunes !
Abreuvez-vous de fêtes, d’amour, d’amitié.
Moins de sobriété, les gourmands. Plus de jeûne !
Laissez-vous donc aller au bon goût du péché…
Sauf s’il peut – ça c’est sûr – handicaper autrui.
Moi, j’en ai presque assez et j’attends qu’On m’appelle.
Je partirai tout doux en faisant peu de bruit,
Portée dans l’Au-delà par un vol d’hirondelles…