Le Génie de l’Hiver en a assez du bruit
Et de l’agitation perturbant sa montagne
Dès qu’arrive Noël. D’autant plus que s’y joignent
Plaintes contre le temps, jérémiades et cris
Perturbant son sommeil dans son antre glacé.
Mais pourquoi donc faut-il que toute action des hommes
Ravage tout, partout ? Et que tout ce qu’ils nomment
« Le Progrès » n’aboutisse jamais qu’aux excès ?
Le géant n’en peut plus, d’autant plus qu’aujourd’hui,
C’est le Premier de l’An. La fête est si bruyante
Que tout vibre alentour, rendant furieux l’Atlante
Qui se dresse soudain et bondit de son lit
Creusé depuis toujours au sommet du Massif
Tout près d’un mur de glace. Son fief et son repaire,
Il a jailli si fort de sa sombre tanière
Qu’il en a ébranlé l’équilibre poussif.
Déjà fragilisé, le glacier a craqué
Et dévalé la pente, entraînant dans sa chute
Tout un pan de montagne. Une énorme culbute
Emportant au passage épicéas, chalets,
Rochers démesurés, skieurs épouvantés…
Le village est détruit ! C’est un vrai cataclysme,
On n’ose point y croire, on parle de séisme…
Le Génie ricanant retourne se coucher.