Quand ces Humains cinglés auront tout esquinté
De leur cadre de vie – même l’air qu’ils respirent –
Tu seras encor là, indifférente au pire
Et toujours aussi belle en un monde éreinté
Par tant et tant de maux, oh ma chère montagne !
Les torrents ruisselant sur tes flancs sont si clairs
Qu’ils paraissent plagier la pureté de l’air
Qui constitue ton ciel, d’autant que les rejoignent
Tes rus si transparents dévalant des prés verts.
Tu n’es qu’ingénuité, fraîcheur et innocence.
Si loin de nos excès et de notre inconscience,
Montagne tant aimée. Du printemps à l’hiver,
Tu t’imposes partout en balafrant les nues
De tes pics acérés, tes crêtes, tes pitons
Figés et permanents – malgré cette érosion
Grignotant lentement tes formes incongrues.
Cette stabilité, qui manque tellement
A tous ces Humains fous dont la trop courte vie
Ne saurait point bien sûr susciter ton envie,
Tu en es l’effigie face au temps qui leur ment…