Quand va-t-il éclater, cet orage maudit
Que nous redoutons tous, tourmentés par l’angoisse :
Le dernier fut affreux ! Dieu fasse que décroisse
Cette énorme tension, même si l’on nous dit
Qu’il se pourrait fort bien qu’il y ait de la grêle,
Une pluie insensée, d’énormes coups de vent…
Oh non, décidément, plus rien n’est comme avant !
Et bien qu’ils soient costauds, nos arbres semblent frêles,
Malgré leur tronc d’airain, face à ce nouveau temps.
Ah, voici un éclair qui zèbre les nuages ;
Oh, puisse Jupiter faire que cet orage
N’ait point cette fureur qui nous affola tant !
C’est ainsi maintenant, et chaque fois qu’il tonne,
On se fait du souci. Notre petite ville
N’a pas pu oublier le jour où la Raville,
S’est muée en torrent ; ni quand ses eaux gloutonnes
En dévalant nos rues, en ont tout englouti :
Maisons et magasins baignant dans la gadoue…
Oh, ce travail dément pour expurger la boue !
C’était le deux juillet et l’on n’a pas fini…
La Raville est pourtant une douce rivière,
Badant tranquillement au cœur de la cité.
Son cours de tout repos soudain précipité,
Ce n’était pas normal ! Mon Dieu, quelle misère
Que ce temps transformant cet agneau en bélier
Fonçant tête baissée à travers la campagne…
L’orage gronde fort là-haut sur la montagne :
Puisse-t-il cette fois tous nous prendre en pitié !