L’émeute

On a vraiment eu peur. Et bien des Marseillais
Ont très vite compris à quel point ils aimaient
Leur cité renommée pourtant imprévisible.
Mais jamais à ce point, c’était indescriptible :

Des bandes de minots descendus vers la ville
Et y saccageant tout, soudain barbarisés,
Visaient n’importe qui, des gens terrorisés
Face à tant de rancoeur idiote et incivile !

L’on savait que Marseille était souvent blâmé
Pour sa légèreté et même son désordre.
Mais se voir tout à coup confrontés à des hordes
De gamins indomptés ne nous avait jamais

Inquiétés. Impossible ! On pensait que leur mère,
La Méditerranée, suffisait à leurs jeux.
Ou même le football. Mais c’était bien trop peu
Pour tous ces petits loups à la rancune amère

N’attendant qu’un prétexte ou un moindre signal
Pour venir tout casser au cœur de cette ville
Les regardant de haut. Du moins le croyaient-ils !
Et se pensant lésés, il leur semblait normal

De piller, de casser, de torturer Marseille.
Aujourd’hui, c’est fini, mais pour combien de temps ?
La ville abasourdie y pensera longtemps,
Cette ville frivole et qu’un rien ensoleille…

A propos Vette de Fonclare

Professeur de lettres retraitée, a créé un site de poèmes dits "classiques", pratiquement tous voués à la Provence.
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2 réponses à L’émeute

  1. Miatto Germaine dit :

    Et bien là chère Vette, vous lisant ce matin,
    Je ne fus point surprise, je vous connais si bien.
    Vous criez la révolte que je ressens moi-même.
    Comment est-il possible que d’un coup se déchaine

    Sur nos plus belles villes des hordes d’agités,
    Qui sont sans foi ni loi, ils veulent exister !
    En prenant en otage notre population,
    C’est notre Cher Pays qu’ils ont mis en haillons.

    Mon cœur est en morceaux, je brûle de colère
    Devant tous ces saccages, de vrais flash-back de guerre.
    Pourquoi tant de rancœur, pourquoi cette violence,
    Ces jeunes seraient-ils des “Néron” en puissance ?

    Je crois que nous avons la même approche de ce que veulent dire les mots “civisme” et “respect”…

  2. Bravo, Germaine ! Quel talent ! Et ravie de voir que nous sommes tout à fait en symbiose…

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