Douceur du mois d’avril, où t’en es-tu allée ?
Les roses en bouton tout au fond du jardin
Ne peuvent point ouvrir leur beau vertugadin.
Tant il fait toujours froid. Et le long de l’allée
S’ensauvent trois lézards faussement attirés
Par un rai de soleil promettant ses caresses.
Lassés et inconscients, ils ont cru en l’ivresse
Du printemps revenu avec tous ses attraits.
Douceur du mois d’avril, renaîtras-tu un jour ?
T’es-tu évanouie au fil du temps qui passe ?
Il gèle encor la nuit, et la froidure efface
Cette vie délicate et nouvelle qui sourd
Chaque jour un peu plus du sol déjà tout prêt.
Le jardin débordant de sève s’impatiente
Et il semble frémir. Mais ses fleurs insouciantes
S’en vont apprendre, hélas, que trop accélérer
Leur prime floraison pourrait être fatal.
Elles baissent la tête et font bien triste mine
Car le vent pince et mord leurs fines étamines
Si sensibles au froid. Non, il n’est pas normal
Qu’il fasse encor si froid ! Douceur du mois d’avril,
Où t-en es-tu allée ? Il te faut reproduire
Notre si cher printemps, et c’est mal te conduire
De nous priver ainsi de son si doux babil !