La folie des grandeurs

Au sommet du Cimet un oiseau s’est posé.
Transporté tout à coup par la toute-puissance
D’un vigoureux coup d’aile. Etrange volupté
Que dominer le monde et sa magnificence !

Tout est petit, en-bas. Lui se sent indomptable
Au dessus des vallons et des torrents pentus
Ravalés à des riens ; il est invulnérable,
Tout autant qu’un géant, sur son caillou pointu.

Mélèzes bâtonnets et villages jouets :
Tout paraît rétréci au creux de la vallée.
Peloton emplumé au petit corps fluet,
Il se prend pour un roi, modestie ravalée…

Or, au sommet du ciel, un oiseau fauve plane,
Un rapace cruel au regard acéré.
Il n’est point impatient et l’on dirait qu’il flâne,
Mais il cherche une proie. Ah, il l’a repérée :

Il a vu sur le pic le léger oiselet
Trônant en majesté, tout puissant sur son trône.
L’aigle a fondu sur lui… Le pauvre roitelet
Ne verra même pas s’épanouir l’automne

Qui pouvait le cacher sous ses frondaisons rousses.
Il s’est cru invincible, et il s’est dévoilé,
Tel ces êtres trop vains et que l’ambition pousse
Vers un monde étranger tellement mensonger.

A propos Vette de Fonclare

Professeur de lettres retraitée, a créé un site de poèmes dits "classiques", pratiquement tous voués à la Provence.
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