La Nature est furieuse ; il ne reste plus rien
De stable ou de solide où nos frères humains
Puissent se sentir sûrs de pouvoir encor vivre
Dans la sérénité. Le Monde paraît ivre :
Nos méfaits insouciants semblent l’avoir saoulé ;
Il se fiche pas mal de nous voir acculés
Et ne s’apitoie point de nos pauvres misères :
Nous l’avons bien cherché, de toutes les manières !
Froidure en plein été, mais banquise qui fond,
Paysages sereins qui partout se défont,
Déluges en tous lieux, gigantesques cyclones,
Tempêtes inouïes, destruction de la faune :
La Nature se venge et nous met en danger…
Mais il est en endroit où le ciel bleu, léger,
Se penche avec égard sur de hauts paysages,
Et sa limpidité ressemble à ces mirages
S’enfuyant devant nous quand nous nous rapprochons.
Les lacs bleus enserrés comme des cabochons
Au creux de vals profonds taillés dans la montagne
Sont encor transparents. Ce pays de Cocagne,
C’est la Haute-Provence. On s’y sent préservé
De ce qui est sali, de tout ce qui est laid
Dans ce monde avili et qui devient si moche.
Car ici l’on respire, L’Ubaye est une poche
D’air encor cristallin, où l’on peut s’éveiller
En respirant vraiment. Nombre de Marseillais
L’ont compris en venant y oublier leur ville
Et ses miasmes impurs. L’on y est si tranquille
Qu’on en oublierait presque ces temps désastreux.
Mais ici en Ubaye l’on se sent si heureux
Qu’on laisse de côté soucis et inquiétude.
Tout n’y est que beauté, harmonie et quiétude.
Bien vu, chère Vette !