Et pourquoi donc le ciel ne serait-il point vert
Au coeur du grand été, quand le soleil fulmine
Et donne en les séchant une bien triste mine
Aux jardins épineux, comme paillés de fer.
Il poserait sur tout une vague émeraude
Et repeindrait la Terre aux couleurs de l’espoir.
Tout serait rafraîchi du matin jusqu’au soir
Par les nues menthe à l’eau. Le soleil en maraude
Au milieu de ce vert y verrait ses rayons
Aussi frais que les rus suintant de la montagne.
Supportables, enfin ! Et de notre campagne
Jailliraient des brins d’herbe, hérissés, par billions…
Mais que m’arrive-t-il ? Est-ce le soleil fou
Qui soudain me rappelle qu’on est en Provence ?
Qu’un ciel vert n’y aura jamais aucune chance
De rafraîchir nos bois et nos champs au mois d’août !
Comme aucune région, d’ailleurs, et c’est dommage.
Ce serait si joli au-dessus de Bonnieux !
Des flots de rayons jade et dévalant des cieux,
Un éclair vert tilleul qui gicle d’un nuage…