La complainte d’un jardin provençal

J’ai soif, tellement soif ! Et pourtant je sais bien
Qu’Eva fait de son mieux, qu’elle est très attentive :
Chaque soir, elle essaie de contrer ce vaurien
De soleil déchaîné, et un grand jet d’eau vive

Tente de modérer cette orgie de chaleur.
Mais c’est insuffisant car ma terre est trop sèche,
Et arroser longtemps n’a pas forcément l’heur
De plaire aux écolos. Oh, que mon herbe est rêche !

Mes fleurs déshydratées voudraient un peu plus d’eau
Que leur bain quotidien : elles baissent la tête.
Chaque année, chaque été, il fait un peu plus chaud.
Et dès le mois de juin, ce n’est plus trop la fête

Pour la végétation dans ce pauvre Midi
Où je ne suis vraiment qu’une miniature
De jardin provençal ; un morceau de nature
Minuscule et soigné avec moult soucis.

L’on m’aime énormément, je ne peux pas me plaindre ;
Mes fleurs sont des morceaux du Ciel tombées sur terre,
Et je suis fort honteux de m’entendre ainsi geindre.
Mais ce feu quotidien ferait pleurer misère

Aux parcs les plus connus et les plus prestigieux.
Ah, voici que s’en vient l’heure de l’arrosage :
Bien que l’eau soit trop tiède, on va se sentir mieux !
Oh, Ciel, ne pourrais-tu te fendre d’un orage ?

A propos Vette de Fonclare

Professeur de lettres retraitée, a créé un site de poèmes dits "classiques", pratiquement tous voués à la Provence.
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