Poème illustré par un tableau de :
Nicole Pino
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Marine était très belle, et ses yeux tourmaline
Avaient les reflets roux du soleil au couchant ;
Ses cheveux si foncés qu’ils semblaient bleu marine
Encadraient son visage étroit au teint trop blanc.
Elle vivait au Cros*, pas bien loin de la mer,
Au milieu des pêcheurs dont elle partageait
La vie rude et active. Et chacun ignorait
Qui elle était vraiment tant elle aimait se taire.
Etrangère arrivée par un beau soir d’été,
Elle était solitaire et ne se mêlait pas,
Ni de loin, ni de près, aux autres villageois.
Certaines gens disaient qu’elle avait un secret.
Elle partait souvent, quel que gros soit le temps,
Sur son pointu fragile au gré de la tempête ;
Une presque sirène n’en faisant qu’à sa tête,
Stoïque et détachée, semblant narguer le vent.
Et puis un jour, bien sûr, Marine disparut :
Sa barque disloquée s’échoua sur la plage
Comme ces grands poissons, parfois, sur le rivage ;
Quant à la jeune femme, on ne la revit plus.
Une femme-mystère au nom prédestiné,
Dissoute dans les flots comme bribes d’écume ;
Une femme aussi floue qu’un vague pan de brume ;
Mais peut-être après tout une femme rêvée…
* Le Cros-de-Cagnes