Le Bonheur n’aime pas qu’on parle trop de lui.
Il est très réservé et bien vite s’enfuit
Dès la moindre allusion à sa mansuétude ;
C’est qu’il est très pudique ; illico il élude
Tout merci si l ‘on veut aborder la question !
Nous sentons-nous heureux ? Faisons donc attention
A ne point lui montrer notre reconnaissance
Car alors le Bonheur en prendrait conscience
Et filerait plus loin. Foin des remerciements !
Si un beau soir de juin nous sentons pleinement
Que nous sommes au top, baignant dans la piscine
Dont l’eau fraîche a détruit ces néfastes toxines
Accumulées au cours d’un jour beaucoup trop chaud,
Jouons la comédie, ne le crions point trop !
Conscient de ses pouvoirs, le Bonheur aurait honte
Du plaisir qu’il nous donne. Et lors, en fin de compte,
Il nous ferait payer la simple volupté
D’être bien, d’être cool, d’être au frais en été…
En nous faisant soudain boire une bonne tasse !
Le Bonheur est ainsi, et très vite il se lasse
De donner de la joie à ces pauvres Humains
Lui tendant trop souvent leur pathétique main !
Profitons de l’instant où sa condescendance
Nous permet d’être bien. Remercions-en la chance…