Le ciel qui a jauni est tout gonflé de neige,
Le village attentif s’est fait silencieux
Pour jouir de ce show que vont offrir les cieux ,
Si rare dans le Sud. Il serait sacrilège
De ne point s’émouvoir du ballet merveilleux
Et de cette magie éblouissant les yeux.
Mais ce qu’on ne sait pas, c’est que si l’on pouvait
Agrandir mille fois les petites houppettes
Qui en virevoltant semblent faire la fête,
L’on pourrait en scrutant ces si légers duvets
Voir deux jambes, deux bras et la petite tête
D’elfes malicieux couronnés d’une aigrette.
Qui donc est au courant ? Seuls des privilégiés
Connaissent ce secret : ces houppettes magiques
Sont en fait des génies ailés et fantastiques
Qui dansent dans le ciel, minuscules alliés
D’un ailleurs merveilleux autre que prosaïque
Que certains doux rêveurs ont rendu poétique…
Poète, quand tu vois ces tout petits lutins
Valser, cabrioler, atterrir sur la Terre
Pour s’y amalgamer, n’est-ce point un mystère
Que tu puisses sentir qu’ici-bas tout n’est point
Explicable et sensé comme le dit Voltaire?
Sans le fou que tu es, combien serait austère
Ce monde où nous vivons. Alors va, continue
A croire aux lutins blancs dégringolant des nues.