Fais dodo, mon bébé ! Je sais bien qu’il fait chaud,
L’on devrait à Lambesc en avoir l’habitude,
Mais cet été, vraiment… Oh, quelle lassitude
Nous point quand on t’entend. Pauvre petit minot,
Tu sembles fortement souffrir de la chaleur
Quand tu te plains ainsi à gorge déployée !
Et pourtant, tu le sais, nous avons employé
D’invraisemblables trucs pour que cessent tes pleurs :
Comportement idiot et gestes farfelus,
Pantomimes cinglées, roulades et grimaces.
Mais rien ne te console, et je me sens si lasse
De ne pouvoir fraîchir ton petit corps tout nu.
Nous te baignons souvent, mais la froideur de l’eau
S’avère au fil du temps à peine suffisante.
Nous avons installé une clim bienveillante
Dans la maison, pour toi ! C’est très bien, mais il faut
Quand même te sortir pour que tu vois des gens,
Et le ciel, et la ville, et ses rues, et la vie…
Oh, mon Dieu, qu’il fait chaud ! La Terre est asservie
Par un soleil dément ; et ce monde changeant
Sera-t-il un enfer pour ta génération ?
Mieux vaut n’y point penser… Calme-toi, galinette !
Ton biberon est bu ? Alors cale ta tête
Au creux de mon épaule, afin que nous fassions
Un seul corps, toi et moi ! Et restons là, au frais,
Oublions l’extérieur et cette canicule.
Mon extrême frayeur, peut-être ridicule,
Ne doit pas te toucher… Fais dodo, mon Bébé !