L’on rencontre au-delà de la mer azurine
Des gens pareils à nous… ne nous ressemblant pas.
Des frères, des Humains, avec un cœur qui bat
A la moindre émotion ; mais des gens que chagrine
Une vie misérable, une vie dangereuse
Qui les pousse à venir en notre paradis
Où ils seront heureux d’après ce qu’on leur dit.
Ils écoutent alors les paroles mielleuses
De truands tentateurs, et cherchent à rejoindre
Ces rives enchantées dont on leur a parlé
Avec tant de ferveur… Lors ils vont s’empiler
Sur un fragile esquif, une barque où le moindre
Ecart un peu risqué peut être suicidaire…
Amis, ne partez pas car la mer vous attend
Dès le prochain roulis. Patiemment, goulûment.
Une déesse folle et dont rien ne modère
Ces rages insensées dont elle est coutumière.
Oh, combien de rafiots a-t-elle fait sombrer ?
De tout petits bateaux qu’elle a fait chavirer
Sous un ciel pourtant pur, ruisselant de lumière…
Essayez de tenir ! La vie sera plus dure
Sur les terres du Nord que dans votre pays :
Votre famille au loin et plus un seul ami
Pour vous réconforter par ces mots qui rassurent !
Là-bas, vous serez seul, vous n’aurez plus personne ;
Personne à qui parler, plus de lit pour dormir,
Ou alors en des lieux où pleurent les soupirs
D’autres que, comme vous, tout espoir abandonne.