La cité et la mer*

Ennemies et amies, toutes deux se haïssent,
S’aiment éperdument, se détestent, s’adorent,
Se caressent, se broient et encore et encore
En un cycle infernal. Mais qu’aucune ne puisse

Se détacher de l’autre est un destin cruel
Car cette position particulière, unique,
Initiée par un sort qu’on pourrait croire inique
Les pousse bien souvent à un curieux duel.

Si la ville est rusée, c’est la mer qui est forte
Grâce à cette puissance octroyée par les Dieux.
Ce grotesque combat fait ricaner les Cieux
Car il ne mène à rien. Et bien peu Leur importe

Que les flots quelquefois arrachent au Vieux port
Un pointu** désarmé par tant de violence !
Quant aux deux challengers, toutes gonflées d’outrance,
C’est pour elles un grand jeu  – à la vie, à la mort –

Qui durera toujours, jusqu’à ce que les Hommes
Disparaissent enfin après s’être détruits.
Pour le moment liées par l’esclandre et le bruit,
La cité et la mer se carambolent comme

Une géante, un nain le feraient en un jeu
Complètement dément sous le grand ciel tout bleu.

* Marseille et Méditerranée
** Pointu : à Marseille, une barque de pêche

 

 

 

A propos Vette de Fonclare

Professeur de lettres retraitée, a créé un site de poèmes dits "classiques", pratiquement tous voués à la Provence.
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