Pourquoi n’entend-on rien, et pourquoi donc dehors
Tout est-il silencieux ? La lumière est blafarde
Dans l’entrebâillement des volets, et tout dort
Encor dans la maison. Sous ma couette, peinarde,
Je n’ose pas bouger car il fait un peu froid.
Et pourtant il le faut car j’ai beaucoup à faire…
j’ouvre donc les volets et je reste sans voix :
Je n’ai jamais rien vu d’aussi beau sur la Terre !
Car le jardin est bleu, couvert d’un inouï
Edredon couleur ciel ! C’est pourtant de la neige :
C’est glacé dans la main. Sous mes yeux éblouis,
Le jardin peint d’azur est bleu sous un ciel beige
Où volettent légers d’incroyables flocons.
Le toit de l’appentis sous l’averse de neige
S’emmitoufle de bleu. Et d’étranges cocons
Gonflent les arbres nus et leur écorce grège
De bulles indigo. Beauté à l’état pur !
Je ne peux plus bouger. Suis-je devenue folle ?
Le ciel a-t-il jamais plu d’une neige azur ?
C’est pourtant ce qu’il fait, et les flocons qui volent
Dansant désordonnés sous mes yeux effarés
Ressemblent tout à fait à des houppes layette.
Ce monde est merveilleux, mais est-il vraiment… vrai ?
Je vais me recoucher, des rêves plein la tête.