Je frissonne et j’ai froid. Et pourtant cet automne
Lumineux est très doux, chamarré de couleurs
Qui devraient rendre moins pénible ma douleur.
Mais je n’y peux rien faire : au fond de moi résonne
Un glas désespérant et qui heurte mon cœur
De notes désolées, si grises et si tristes.
Pour une fois le vent, comme un parfait choriste,
Souffle harmonieusement. Mais hélas ! la rancoeur
Me tourmente bien trop pour que je puisse ouïr
A sa juste valeur son chant mélancolique.
Rien ne saurait gommer l’image diabolique
Qui me fit tant de mal. Comment me réjouir
De la beauté du ciel et de son bleu pastel
Où se détache en roux le cuivre du feuillage ?
S’y superpose encor le délicieux visage
De celle que j’aimais, dont le rire cruel
Me déchira le cœur lorsque je la trouvai
Dans les bras d’un ami de ma petite enfance.
Rien ne peut alléger mon énorme souffrance,
Ni la chanson du vent, ni l’immense beauté
Puissamment colorée d’un automne parfait
Où chante encor l’été. Ma saison préférée
Avant que ne se meur(e) mon âme lacérée.
Comme bien trop souvent, le mal a triomphé…