Le temps s’est transformé brusquement. Temps de neige ?
Du ciel noir semble sourdre un bien curieux halo.
L’on nous l’avait promis, et notre météo
Se trompe rarement… Une lumière beige
Luit fort étonnamment sur le toit des maisons.
Je me sens oppressée, mon cœur bat la chamade
Sans aucune raison. Puis le temps se dégrade.
Il fait encor plus froid, et un premier flocon
Vient heurter un carreau de son étrange queue.
J’en reste abasourdie et comprends mon émoi
Quand c’est tout un essaim qui dévale tout droit
Du ciel toujours plus sombre. Une tempête bleue !
Un temps d’apocalypse aux flocons azurés…
Bientôt l’on a deux ciels : le normal, et sur Terre
Cette couche indigo qui n’y a rien à faire
Et attire dehors mes voisins effarés.
Le froid n’existe plus. Plus personne n’y pense
Tant l’on est étonné, ravi, émerveillé.
Car ce n’est pas possible, on n’est pas réveillé !
Nous ne ressentons plus que notre cœur qui danse
Tant il est emporté par l’énorme émotion
Qui le fait exulter. Une neige lavande
Recouvrant le pays d’ici jusqu’à la lande !
On n’y comprend plus rien. Est-ce une aberration
De la nature folle, absurde, qui divague ?
Tout le monde se tait, et l’on n’ose marcher
Sur la couche saphir, ni même la toucher.
Le ciel primesautier nous fait-il une blague ?
Mais j’ai osé poser ma main sur le tapis :
Tout aussi duveteux et tiède qu’un chaton,
C’est un matériau doux comme un léger coton.
Qui a dit qu’ici-bas tout va de mal en pis
Quand le monde des fées peut venir jusqu’à nous ?
Lors il faut remercier et tomber à genoux…
