Elle est folle de rage – chaque jour un peu plus –
D’autant plus que chacun l’accuse de méfaits
Qu’elle ne briguait pas. Car tout ce qu’elle fait
Est dû à la Nature sans qu’elle l’ait voulu.
Oh, qu’elle est en colère ! et si exaspérée
De devoir transporter autant de pauvres hères !
Mais nul ne veut l’entendre. Que pourrait-elle faire
Pour les dissuader ? Cette terre espérée,
Comment leur faire voir qu’elle n’est qu’illusion
Et qu’il ne faut pas croire en un vrai paradis
Ni une vie rêvée, chez nous, dans le Midi ?
Elle va les mener vers la désillusion,
Peut-être vers la mort sans être responsable.
Car comment s’empêcher d’exploser en tempête
Quand le vent la rudoie ? Et d’exhausser la crête
De ses flots déchaînés totalement instables
Pour les coques de noix qui osent la braver ?
La mer est faite ainsi, la Nature le veut.
Mais être un cimetière ? Oh non, elle ne peut
Se résoudre au bobard d’élément dépravé…
La Méditerranée est devenue morose,
Elle, la jolie mer tellement attirante
Il y a peu encor. Devenue si méchante
Pour ceux qu’elle retient ou pour tous ceux qui osent
En perdant la raison oublier le danger.
Car elle le sait bien : elle peut les tuer
Accidentellement, contre sa volonté.
Dame Nature est là, qui n’y veut rien changer…