Oh oui ! J’en ai assez ; j’ai beaucoup trop vécu.
Si Tu n’étais pas là, comme ma Poésie,
J’aimerais m’en aller, quitter la frénésie
De ce monde insensé, fatigant, et ne plus
Sentir que chaque jour mon corps qui se défait
Semble se fragmenter en morceaux douloureux
Alors que sous mon crâne un cerveau harmonieux
Paraît bien fonctionner, avec agilité.
Oh, m’endormir un soir et sentir une bulle
Légère et irisée s’extraire de mon corps
Pour monter vers l’azur. Ne ressentir alors
Aucun regret d’un monde usé et ridicule,
Tellement décevant. Une bulle qui danse,
Se détachant de tout ce qui est déplaisir :
Plus de corps, plus de maux et plus aucun désir !
Flottant dans un ciel pur, tirant sa révérence…
N’être plus qu’un esprit. N’être plus qu’une bulle
Toute prête à rejoindre un Ailleurs merveilleux,
Et qui, en atteignant le pinacle des cieux,
Eclaterait en mille fragments minuscules
Se mêlant au grand Tout et à tout l’Univers,
Détachée des douleurs d’un bien trop long hiver…