Hé, toi là-bas, l’ami ! Que fais-tu sur la plage ?
Et les Informations ? N’es-tu pas au courant ?
Nous si ! Dès ce matin. Et une énorme rage
Secoue les Marseillais face à la pollution
Qui salope leur mer : un cargo clandestin
Dégazant dans la nuit a encrassé le sable.
Les jurons fusent dru. Des milliers de « Putain ! »
Foudroieraient les marins s’ils étaient abordables…
Mais ils ont fui bien loin ! L’horizon immobile
Camoufle le rafiot-poubelle des bandits
Soi-disant matelots. Ils sont loin de la ville.
Cris d’exaspération, insultes, poings brandis :
Tumulte exacerbé de tous les Marseillais !
Pourtant l’eau qui pirouette est toujours bien jolie,
Son flux est irisé par ce qui l’a souillé,
Arc-en-ciel sur la mer violée et avilie !
C’est comme dans la vie, l’horreur peut être belle.
Combien de fois le Mal côtoie-t-il la Beauté ?
Sur les vagues diaprées valse une ribambelle
De points iridescents de diesel frelaté