Le Haut-Pays est beau sous les derniers rayons
D’un soleil épuisé par l’excès de lumière
Qu’il a trop diffusée. Fort bas sur l’horizon,
Il a perdu sa force ; et la montagne altière
En paraît adoucie, moins aiguë, moins pointue.
Il y a dans le ciel des vols d’oiseaux huppés
Comme on n’en connaît pas. Une espèce inconnue
Des natifs d’Enchastrayes pour le moins étonnés :
Tant de choses ont changé ! Cet automne en été
Où parfois l’on eut froid ; cet été en automne
Avec des jours brûlants aussi chauds qu’en juillet !
Et ce ciel sur l’Ubaye aux tristes reflets jaunes
Comme n’en vit jamais cette Haute-Provence
Qui s’est crue trop longtemps vierge de pollution…
Mais la montagne est belle, et la lumière danse
Sur les pics oubliés par la profanation
Due à trop d’inconscients en des lieux cousus d’or.
Bienheureux Bas-Alpins ! Que leur montagne est belle
Sous les derniers rayons du soleil qui s’endort
En éructant parfois d’ultimes étincelles.