Un gabian se balance au sommet d’une vague.
Le mistral souffle fort, mais le frêle vaisseau
Reste maître de lui, flottant de bas en haut
Sur l’écume dorée de la mer qui divague
Jusqu’au Vieux Port, là-bas, au cœur du vieux Marseille.
Il fait chaud, il est bien… Mais par quel subterfuge
Garde-t-il donc au sec ses plumes hydrofuges ?
Une commodité à nulle autre pareille
Pour une créature adorant la baignade !
Tel un yo-yo géant il monte et il descend
Sur l’eau tourneboulée effrangée par le vent…
La mer devient remous, tumulte et bousculade,
Mais l’oiseau subit tout sans aucune inquiétude :
Bahuté, brimbalé, il semble indifférent
Aux chocs et aux rebonds de ces flots transparents
Qui chahutent sous lui. Univers vraiment rude
Qu’il ne craint pas du tout ! La Méditerranée
Fait partie de son monde ainsi que le ciel bleu,
Et leur brutalité n’est pour lui qu’un grand jeu
Sauvage et naturel… Mais soudain ramenée
A la réalité par son jabot qui gronde,
La mouette lassée s’arrache enfin aux flots
Pour mieux voir son repas des nuages là-haut
Car tout juste au-dessous des sardines abondent.
Elle part en piqué, semblable à une bombe
Précise et effilée vers son garde-manger.
Dans le ciel marseillais demeuré inchangé
Sous son vol foudroyant passe un vol de palombes….