Sous la porte bien close un doux souffle ténu
Cherche à se faufiler : c’est le vent de l’automne,
Encore un peu fluet. Les arbres presque nus
Oscillent lentement, une lumière jaune
Ceignant leur cime ocrée d’un halo mordoré…
Le silence est total, sauf ce vent de l’automne
Qui chuchote en chuintant ; et il est si discret,
Son souffle est si léger aujourd’hui qu’on s’étonne
Qu’il puisse se muer en un diable hurlant
Du jour au lendemain… Là, c’est une douce brise
Qui veut entrer chez nous, mais sans rien d’insolent,
Une amie qui s’ennuie dans la garrigue grise
Entourant la maison. On l’entend soupirer
Derrière l’huis fermé la chanson un peu triste
Des tout derniers beaux jours. La chanson des regrets,
Les sanglots de la fin, l’aubade d’une artiste
Qui sait qu’elle est au bout d’un tempo apaisé.
Bientôt c’est le mistral qui va prendre sa place
Et sa brutalité s’en va nous dégriser :
L’hiver est bientôt là, qu’on peut suivre à la trace…