Ces gens qui viennent, vont au long des rues bruyantes
De Marseille allongée sur le rivage bleu
De leur mer bien-aimée ; ces passants, ces passantes,
Ces inconnus trottant presque à la queue-leu-leu
Sur les trottoirs poisseux comme un troupeau hagard
Sont des gens de la ville ; ce sont des Marseillais
Rejoignant leur boutique, un bureau, un hangar,
Le visage fermé, pas encor éveillés,
Se rendant au travail sans beaucoup d’enthousiasme.
Des gens qui viennent, vont, très vite ou lentement,
Le regard incertain, tous respirant les miasmes
Délétères, puants, des gaz d’échappement.
C’est leur vie qui veut ça. Triste vie, et encore…
A Marseille il fait beau ; il n’y pleut pas souvent,
La pluie n’y est toujours qu’une brève pécore !
L’on ne se plaint point trop, sauf quand souffle le vent…
Tous se pressent alors, le souffle un peu plus court,
Visage fouetté par les énormes baffes
Du roi contre lequel il n’est point de recours :
Ce mistral malotru dont les gifles décoiffent
Ces pauvres gens qui ploient sous ses rudes torgnoles !
Ces gens qui viennent, vont pour aller au boulot,
Et qui doivent en sus subir le monopole
De ce crétin de vent dont l’immense culot
Complique encor leur vie pourtant si difficile !
Ces gens qui viennent, vont partout dans la grand’ville…