Sur le micocoulier ne reste qu’une feuille,
Le vent ayant glané toutes ses sœurs fanées.
Bien qu’elle fît partie des pauvres condamnées,
Elle seule survit, craignant que ne la cueille
Le prochain tourbillon du mistral déchaîné.
Elle était la plus belle, et elle l’est encore.
On la voyait de loin, parmi une pléthore
De feuilles racornies, sa beauté détonnait.
Mais elle reste seule, et, tout comme une agate,
Rutile sur sa branche, bijou sur un collier.
Le vent la tarabuste et la fait osciller,
Pourtant on la dirait tenue par quatre pattes
S’accrochant fermement, quel que soit
Le mistral, à la branche maîtresse.
Le vaurien la rudoie avec tant de rudesse
Qu’il paraît impossible que le Destin sursoit
Encore bien longtemps à la loi naturelle…
Eh bien, soyons heureux ! La feuille a résisté,
Elle nous éblouit, là, en plein février !
Une feuille magique, une feuille immortelle…