Les gens qui pleurent trop ont les yeux délavés
Par l’eau de leur chagrin s’écoulant en rivière
Abondante et salée transbahutant des pierres
Qui au fil d’un long temps se changent en pavés.
Les gens qui souffrent trop se courbent lentement
Comme les saules gris étalant leur feuillage
Sur la pelouse étique qui fane tristement.
Les gens qui souffrent trop n’ont quasiment plus d’âge.
Les gens qui sont trop seuls marmonnent très souvent
Car ils n’ont plus rien d’autre à qui crier leur peine
Qu’un vieux portrait jauni et vieillot dont le vent
Emporte les morceaux dépecés par la haine…
Ils sont bien trop nombreux ceux qui n’ont plus l’espoir
De rire du malheur empoisonnant leur vie.
Mais qu’ils ne pleurent plus, chassent le désespoir :
Le ciel vient de s’ouvrir et une étoile y brille…