Poème illustré par un tableau de :
Gérard DI MAGGIO
Comment est-ce possible ? Où est passé mon Temps,
Celui qu’on m’alloua le jour de ma naissance
Sans me laisser le choix ? Et, à ma connaissance,
Il ne me resterait que très peu de printemps ?
Une vie, c’est très court ! Mais où sont donc passées
Ces années révolues, enfuies si loin, là-bas,
Dans un monde inconnu ? Avec des hauts, des bas,
Des moments exaltants, des erreurs ressassées
Bien inutilement. A quoi bon ces regrets,
Ces remords, ces chagrins, ces pleurs, cette tristesse
Qui n’ont servi à rien ? Et seule la vieillesse
M’importe maintenant. Je contemple mes traits,
Ne me reconnais plus. Ai-je un jour été belle,
Sans ces plis sur mes joues, ces rides sur mon front ?
Oh, cet âge maudit et ses maudit affronts !
Mais ceci n’est-il point qu’infime bagatelle ?
Pourquoi m’être encombrée de ces futilités
Me tenant tant à cœur ? Etais-je trop frivole ?
Car de toute façon cet odieux Temps nous vole
Chaque jour un morceau de fugace beauté !
Pourquoi m’être souciée de ces trucs inutiles
Qui ne servaient à rien, qu’à oublier mon âme
Puisque l’ultime fin n’est vraiment pas un drame ?
Pour qui croit au Jardin, la peur est puérile…
Oh combien de printemps, dis, reverrai-je encor ?
Pourtant je n’ai pas peur : il y a l’Espérance !
J’ai vécu bien souvent des joies et des souffrances,
Mais c’est ainsi, la Vie : de la boue et de l’or…
Un peu triste mais magnifique, chère Vette !