Cette année, père Hiver, peux-tu faire un effort
Et ne pas succomber à trop d’extravagance ;
Ces temps sont entachés d’une telle malchance
Qu’il vaudrait mieux ne point les surcharger encor
De froid et de brouillard, d’un verglas inconnu
Dans notre beau Midi, de tempêtes, que sais-je !
Et bien qu’on l’apprécie, tu peux garder ta neige
Pour ces Alpes du Sud où tu es bienvenu !
N’oublie pas, père Hiver, que nous sommes en crise !
Offre-nous la douceur d’un temps juste un peu frais
Et sans grands coups de gel, que nous puissions gérer !
Que ton glaçant mistral vire à la douce brise
Et tes rudes penchants à la mansuétude.
Il y eut un temps fou où tu annihilais
Des oiseaux en plein vol : les malheureux gelaient !
Oublie donc maintenant cette horrible attitude
Et calme-toi, l’Hiver ! Car nous avons besoin
De pitié et d’amour en cette triste année,
Notre Europe* en ces temps est bien trop malmenée
Pour supporter encor un coup que le Destin
Viendrait lui asséner : un temps bien trop glacial
Pour qu’on sache, chez nous, encaisser sa rudesse !
D’autres appelleraient cela de la mollesse ?
Peu importe, après tout ! Cela nous est égal…
Mais s’il te plaît, l’Hiver, cette année aide-nous
En nous offrant un temps agréablement doux…
* J’avais écrit « La Provence », mais en ces temps dramatiques, trop d’égocentrisme aurait été malvenu