C’est un matin de mars, un mois ensoleillé
Comme on n’en vit jamais. Soudain de l’horizon
A jailli un oiseau, minuscule pinson
Qui s’est mis à chanter et à s’égosiller
Comme s’il désirait stimuler la saison,
Pour qu’ell(e) puisse jouir des mille vocalises
Roucoulant tout au fond de la gorge cerise
Du chanteur maintenant niché dans un buisson.
C’est le soleil naissant qui a ainsi paré
Ses plumes orangées d’une lumière rouge
Vibrant avec son chant… Soudain, plus rien ne bouge
Et le jardin se tait, totalement charmé
Par le petit héraut du printemps revenu.
Mais il n’est qu’un pinson appelant une belle.
On ne lui répond pas! Une autre ritournelle
L’aurait-elle emporté sur ce nouveau venu
Ou est-on apeuré par tant de perfection ?
Les trilles de l’oiseau semblent surnaturelles.
Oh, cette pureté si peu habituelle,
Ces trilles inouïes, ce feu, cette passion !
Comment est-ce possible ? Est-ce un oiseau normal ?
Une oiselle d’ici pourrait trouver étrange
De partager le nid insoupçonné d’un ange
Et se retrouver seule en un monde anormal !
Le chanteur trop doué a donc dû repartir
Là-bas, vers l’horizon aux formes imprécises,
Remportant son désir et son plastron cerise.
Et nul n’a jamais su d’où il pouvait venir.