Depuis le mois de juin je vis un vrai miracle.
Encor tout ensuquée* quand j’ouvre mes volets,
Je n’entends au jardin qu’un silence complet
Car tout dort alentour, et l’unique spectacle
Emerveillant mes yeux est le ciel balayé
Par le soleil levant de longues lignes roses.
Je sais que c’est l’instant et l’occasion. Et j’ose :
Sans faire un mouvement pour ne pas l’effrayer,
Je me mets à siffler, tout bas, des sons ténus,
Une, deux ou trois fois, toujours plus impatiente…
Et soudain le miracle, il est tout près, il chante :
Bien caché dans son nid l’oiselet inconnu !
Nous entamons alors un étrange duo :
Tantôt lui, tantôt moi. Moi, je piaille, il gazouille.
Je reprends dès qu’il cesse. Et le petit arsouille
Semble mener le jeu, sifflant toujours plus haut ;
Puis tout à coup, motus ! C’est tout pour aujourd’hui.
Reprendra-t-il encor ? J’ai une telle veine
D’avoir été élue ! Moi-même y crois à peine.
Oh ! Fasse que demain tout ne soit pas fini…
Le miracle a duré à peu près trois semaines.
Puis un jour, il s’est tu. Avait-il terminé d’élever ses petits,
Etaient-ils tous partis, abandonnant leur nid ?
Depuis je me sens seule et cruelle est ma peine…
En Provence: assommée de sommeil