Il est enfin parti. Très courageusement,
Il n ‘a pas hésité à quitter la grand’ville.
Ses copains en riant l’ont traité de débile,
Mais il n’en a eu cure : il était tellement
Fatigué de sa vie inutile et stressante
Qu’il a quitté Marseille, osé faire ce choix
Difficile et risqué, avec juste le poids
D’un seul sac sur le dos. Même une femme aimante
N’a pu le retenir. Car il devait changer,
Redevenir un homme à la vie droite et claire.
Il a marché longtemps, passant monts et rivières…
Son cerveau rénové a bien vite engrangé
De superbes tableaux et d’incroyables sites
Nimbés d’une lumière encor plus flamboyante
Que là-bas dans le Sud, tout près des eaux changeantes
De la mer délaissée dont le seul nom l ‘irrite
Maintenant qu’il est loin, pas bien loin de Praloup*
Il va y travailler, gagner des clopinettes
Mais vivre honnêtement et nettoyer sa tête
Des jours où son destin ne valait pas un clou !
La montagne et ses pics déchiquetés s’agrippent
Au ciel roux de l’automne. Un spectacle si beau
Qu’il lui semble effacer les funestes corbeaux
De son passé trop noir. Lentement il dissipe
Les tourments inhérents à son ancien Quartier,
Ces spectres étrangers à sa nouvelle vie.
Il se sent purifié, n’éprouve plus l’envie
De repartir là-bas. Y retourner ? Jamais !
* Station de ski des Alpes de Haute-Provence