J’ai rallumé le feu. Je sais, ce n’est pas bien
D’après les écolos ! Mais ce tout petit rien
A chassé le cafard qui embrumait mon âme.
Dehors le temps est gris, et cet hiver infâme
Me sapait le moral. Qui donc a transformé
Le bleu de notre ciel en ce fond embrumé
Où tout est dilué ? Des lignes imprécises
Que très désorientée la Nature indécise
Aurait comme gommées d’un geste maladroit.
Mais il y a mon feu. Ses flammes montent droit
Tout en se tortillant, si gaies et si solides !
Quelquefois des tisons, tels de petits bolides,
Cherchent à s’échapper, mais retombent au cœur
Du brasier ronronnant comme un chat. Le bonheur
D’être si bien au chaud me fait soupirer d’aise
Face au méli-mélo des cendres et des braises :
Un joli gris argent, un rouge incandescent
Piqueté de points d’or qui pétillent gaiement.
Alors je me détends, je me sens plus tranquille
Malgré ce brouillard glauque engloutissant la ville.