Octobre sous le vent, novembre sous la pluie.
Les mélèzes sont roux. La brume-parapluie
S’effiloche en lambeaux sales sur la montagne.
L’automne est presque mort, et le vent accompagne
Sa poussive agonie d’un triste lamento.
La neige en haut du ciel prépare le manteau
Dont elle va couvrir dans quelque temps les pentes
De la Haute-Provence. Les sommets en attente
De leur coiffe d’argent sont encor bleu marine…
L’on entend quelquefois tinter quelques clarines
Attardées dans les champs. Mais c’est l’unique bruit
Qu’on perçoit du chalet submergé par la nuit.
Las ! L’automne est fini ; l’on est bien seuls ici.
Encor quelques longs jours pour rechausser les skis,
Redonner de la vie à la station déserte
Qui vit au ralenti. Quand on l’aura rouverte,
Qui sait si elle va redevenir vivante ?
Que va-t-il advenir de nos remonte-pentes :
Le Mal peut s’y glisser, insidieux, pour tuer
Des skieurs inconscients ? Va-t-on se faire huer
Si l’on demande aux gens d’être un peu plus prudents ?
Mais où est donc passée cette folie d’avant,
Avec ces cris de joie exultant de jeunesse ?
Un Noël sans grand-monde et empreint de tristesse
Nous attend-il au Sauze, avec presque personne
Pour y fêter la Joie qu’obligeant il nous donne ?
Oui, cet automne est triste et noirs sont nos projets…
Ce satané virus va nous rendre enragés !