L’arbre qui pleurait

J’ai vu au fond du bois un arbre qui pleurait ;
Il avait bien trop chaud, et sa sève collante
Engluait son beau tronc vertical qu’enserrait
Un lierre desséché. L’atmosphère brûlante

L’aurait fait suffoquer s’il avait pu parler.
Son écorce écaillée par trop de sécheresse
Le couvrait de cancers hideux qui révélaient
L’immonde cruauté et la scélératesse

D’un été trop ardent. Bel arbre, mon ami,
Comment cicatriser tes terribles blessures?
Il te faudrait tant d’eau que celle de l’Armi
Serait insuffisante et point à la mesure

De ton énorme soif ! Mais comment donc t’aider ?
Prier le ciel trop bleu pour qu’il crache sa rage
En averse insensée sur le sol craquelé ?
Que la nuée dégueule un gigantesque orage ?

Ne pleure plus, bel arbre ! Il va pleuvoir, c’est sûr :
La météo l’a dit. Ton solide branchage
Va redevenir vert, tel l’avocat bien mûr
Posé sur cette assiette. Un arbre de ton âge

Et de ton diamètre est costaud, c’est certain !
Tiens, voici un éclair qui laboure la crête
D’un nuage bouffi, gris comme de l’étain.
Tout commence à gronder… Arbre, dresse la tête !

A propos Vette de Fonclare

Professeur de lettres retraitée, a créé un site de poèmes dits "classiques", pratiquement tous voués à la Provence.
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