Les troupeaux accablés par la chaleur s’abreuvent
Aux torrents maigrelets qui suintent des sommets.
Les mélèzes pointus voient leurs épines neuves
Du joli mois d’avril prendre l’air élimé
Des poils d’un vieux tapis défraîchi par les ans.
Certains sont déjà nus. Leur ombre évaporée
Par le soleil brûlant manque cruellement
Aux minuscules vies poussant à leur orée.
Leurs hauts troncs impériaux que la chaleur affecte
Ont l’écorce fendue, et ils sont bien trop secs
Pour propager la vie. Sous leur modeste bec,
Les oiseaux affamés ne trouvent plus d’insectes.
La canicule gronde et la nature a chaud,
La montagne si fraîche en d’autres temps en souffre.
On respire partout comme une odeur de soufre,
L’odeur d’un grand malheur annoncé pour bientôt ?
Raides, majestueux, les mélèzes résistent.
Mais ils n’hébergent plus les oiseaux qui nichaient
Sous leur léger couvert, tellement amoché
Par ce temps démentiel. Et si la vie existe
Encor tout autour d’eux, elle en a pris un coup !
Payons-nous nos forfaits ? Il y en eut beaucoup…