La nuit coule, liquide, entre les versants noirs
De la montagne grise obscurcie par la pluie.
Colosse rémanent, le mont Pelat s’appuie
Sur le ciel automnal et lugubre d’un soir
Humide et cafardeux. Le vivrons-nous toujours ?
Hier, c’était l’été. Mais les tout premiers signes
De la male saison peu à peu égratignent
Les tout derniers plaisirs d’un jour toujours plus court
Dont on a l’impression qu’il sera éternel.
Fin d’un été brûlant aux flèches meurtrières.
Dans les bois maltraités, le sol gris des clairières
Est terriblement sec. Et soudain, surréel,
Ce temps inattendu qui précède la neige !
Rien pour nous prévenir. Sans signe avant-coureur,
L’hiver chasse l’été. Et les chaudes couleurs
De l’automne aboli ne sont plus que du beige
Délavé par la pluie. Nous nous sentons trahis
Car nous n’avons pas eu la beauté saisonnière
D’un automne éclatant. Pas la douce lumière
Précédant la torpeur de cet hiver honni
Qui nous tombe dessus. Interruption brutale
D’un été qui semblait devoir durer toujours.
Il fait humide et froid , il pleut depuis trois jours,
Et nous sentons d’un coup la froidure hivernale
Fondre sur la vallée. Où s’est enfui l’été ?
Nous devrions partir comme les hirondelles
Tout là-bas vers le Sud… Un automne modèle
Se doit d’être toujours éclatant de beauté !