Je n’ai envie de rien, pas même de sortir,
Bien que le ciel pastel me convie à le faire.
Mon cœur est en automne. Il n’est aucune affaire
Pouvant m’intéresser ; rien qui puisse amoindrir
Cette mélancolie délitant ma cervelle.
Je n’ai envie de rien, si ce n’est de dormir
Au fin-fond d’un Ailleurs, et de m’anéantir
Dans une absence nue ; car ma tristesse est telle
Que rien de captivant ne peut la travestir.
Pourquoi donc cette année n’aimé-je point l’automne ?
Pourquoi son flamboiement semble-t-il monotone,
Plutôt grège que roux ? Et comment ressentir
Encor des émotions quand ce monde invivable,
Tel qu’il est devenu, n’est qu’un bouillonnement
De malheurs et de deuils ? Cet automne me ment
En offrant ces couleurs tellement remarquables
A mon regard lassé qui ne croit plus en rien,
Pas même en la Beauté. Mon Dieu, faites qu’existe
Un monde différent ; un monde où ne subsistent,
Peut-être sans Humains, que le Beau et le Bien !