L’été est devenu une caricature :
Quarante et un degrés étouffants certains jours !
Jamais l’on n’a atteint cette température.
Oh, mon Dieu, si ce feu devait durer toujours…
Car l’on n’a jamais su à quel point l’on peut cuire
Dans notre vieux Marseille dès le mois de juillet !
Le soleil tout à coup semble vouloir nous nuire
Et nous anéantir ; prêt à tout incendier,
Malfaisant et rageur il décoche ses flèches
Sur toute la Provence, dont les franches couleurs
Fanent sous l’impact fou des millions de flammèches
Déversées par son ciel. Mon jardin et ses fleurs
Sont assoiffés, sans cesse, et mon vieux tourniquet
N’en peut plus de tourner pour leur donner à boire…
Que signifiaient jadis les mots : glacé, frisquet ?
Oh, mon Dieu qu’il fait chaud ! Dans aucune mémoire
N’est emmagasiné un tel événement.
N’est-il dû qu’au hasard, ce temps insupportable ?
Ou est-ce donc plutôt ce Grand Réchauffement
Qui s’abat sous nous tous, brutal, inexorable ?
La baignade elle-même a perdu tout attrait,
Il fait tellement chaud! La Méditerranée
N’est plus qu’un lac tiédasse où l’on peut s’immerger
Comme dans de la soupe ! Plus de peau malmenée
Par ce frisson glacé donnant la chair de poule ;
Le sable est si brûlant qu’on n’y peut plus marcher
Ni même s’y étendre… Un peu plus loin la houle
Sempiternellement caresse les rochers