Mon jasmin était mort, puisqu’il n’en subsistait
Que guenilles séchées, craquantes et brunâtres !
Déception et chagrin, désillusion saumâtre
Car il n’était planté que depuis un été !
Alors je l’ai pelé, ôtant les feuilles mortes
Patiemment, une à une, et comptant sur le vent
Pour me venir en aide. D’autant qu’auparavant
Nous avions dépouillé un laurier de la sorte…
Puis après ce pari, je n’y ai plus pensé.
Et les jours ont passé, peut-être deux semaines,
Avec un temps très doux. Alors là – coup de veine ?
J’ai vu que sur le bois, des trucs avaient poussé :
Des petits yeux rouquins, juste sur l’orifice
Des feuilles racornies que j’avais arrachées
En bien piteux état, rabougries, desséchées…
Mais le presque-printemps avait fait son office :
Sur chaque mini trou une virgule rousse,
Un atome, un soupir de feuille avait poussé.
Le jasmin bien vivant en était hérissé,
Et à l’extrême bord de chaque bébé-pousse,
Un joli vert bien frais symbolisant la vie !
Avant le nettoiement, le bois paraissait mort,
D’une mort sans appel ! Et sans aucun remords
J’aurais pu le jeter, n’en ayant plus envie.
Mais dans deux et trois mois, un très joli feuillage
S’en va le recouvrir, cachant sa nudité,
Avant que moultes fleurs ne viennent embaumer
Mon jardin tout content que j’aie été si sage…