Il fait un peu moins chaud et le tonnerre gronde.
On se sent vraiment mieux. L’accablante chaleur
Dont nous souffrions tant s’affaiblit et se meurt.
Nous pouvons respirer ! Mais non… Soudain des billes rondes
S’abattent lourdement sur mon pauvre jardin
Et en hachent menu ses magnifiques roses.
Mes reines de beauté? De pitoyables choses
Pendouillant tristement. Quant aux hauts lavandins,
Ils gisent sur le sol et quadrillent la terre
De leurs cadavres bleus. Le tonnerre s’est tu.
L’orage est satisfait : il a bien combattu.
Au prix d’un grand carnage il a gagné sa guerre,
Ne laissant après lui qu’un jardin dévasté,
Tellement magnifique il n’y a pas deux heures…
Oh ! Croire en un Futur ne serait donc qu’un leurre,
Même pour des rosiers ? La triste vacuité
Des fleurs en un jardin me rappelle la nôtre :
Et quel orage enfin me fera souvenir
Qu’ici-bas nul, jamais, n’est sûr de l’avenir ?
Il peut gronder en moi comme chez tous les Autres…