La mer s’est déchaînée car elle est en colère :
On vient de la souiller ! Et les rayons solaires
Ont beau étinceler pour la désencrasser,
Ils n’y peuvent plus rien. Le fuel a pollué
Ta robe bleu saphir d’une nappe irisée,
Oh Méditerranée, trop souvent méprisée !
Un nouveau dégazage interdit par la loi !
Mais quel est donc ce monde où le forfait est roi ?
Le rafiot criminel s’éloigne vers le large ;
Crasseux et cahotant, fatigué, en surcharge,
Dont on peut s’étonner qu’il bourlingue toujours
Tant il est moribond, plus las de jour en jour.
D’autant que maintenant la Méditerranée
Le secoue à grands coups. La coque malmenée
Se fissure. Elle vibre, elle craque en grinçant,
Car la mer acharnée la broie en l’agressant
Sous des flots insensés. Furieuse elle se venge.
Le bateau sombre enfin. On l’avait nommé : « L’Ange ».
Un bateau criminel ? Pourtant méritait-t-il
Autant de cruauté pour un acte imbécile ?