Feuilles, feuilles dorées, basanées, feuilles rousses,
Feuilles planant là-haut dans le vent com’ j’te pousse ;
Feuilles en petits tas et feuilles voltigeant ;
Feuilles d’airain, safran, et feuillages d’argent.
Feuilles déjà ridées, feuilles encore vertes
Osant entrer chez moi par la fenêtre ouverte ;
Feuilles déterminées filant vers les sommets,
Et l’une posant même en haut du mont Cimet
Un joli plumet d’or comme un petit panache ;
Feuilles flétries, hachées, feuilles-boue, feuilles-taches ;
Feuilles entrelacées qui se meurent d’amour,
Et que le vent sépare au bout de quelques jours ;
Feuilles du mois d’octobre et feuilles automnales
Racrapotées de froid dans l’aube matinale.
Feuilles toujours pimpantes et feuilles du jour
Croyant innocemment se survivre toujours
Parce que le hasard les a perdues de vue.
Feuilles ne tenant plus aux branches presque nues
Que par un pédoncule tout amenuisé.
Feuilles déchiquetées au squelette aiguisé
Comme la silhouette pointue d’un poisson.
Feuilles mourant en choeur toutes à l’unisson…