Poème illustré par un tableau de :
Shalyka
www.shalyka.skynetblogs.be
Assis sur un muret, un petit monsieur rêve :
Immobile et plongé dans un songe éveillé,
Il est un peu bizarre. Le regard hébété,
Il rumine son mal ; sa souffrance est sans trêve.
Il a tourné le dos à sa vieille maison.
A quoi bon maintenant ? Et à quoi faire face
Puisqu’il a tout perdu ? Il pense et il ressasse
Depuis hier au soir à perdre la raison.
Des hommes sont venus et ils ont emporté
Sa femme Adélaïde. Elle était près de lui
Quand le flot gigantesque et furieux de la pluie
A forcé le garage où elle s’est noyée.
Et il n’a rien pu faire ! Et il ne reste rien
De sa modeste vie de petit retraité,
De tous les souvenirs de son si long passé !
Il souhaite la mort, le néant, leur soutien !
Depuis cent cinquante ans on n’avait jamais vu
Pareille inondation. Il y eut le barrage
Qui craqua autrefois… Mais cet énorme orage ?
Maintenant il fait calme ; il bruine sur Fréjus
Et le petit monsieur frissonne tout trempé,
Quand un ami navré pose sur ses épaules
Un plaid épais et chaud. En pleurant le vieux Paul
A saisi la main tiède et s’y est accroché.