Poème illustré par un tableau de :
Patricia Quintero-Pinto
C’est un haut mur de flammes sombres
Sur le ciel d’un bleu arrogant,
Qui se dresse en offrant son ombre
Aux terres rongées par le vent.
Ces cyprès sont vraiment malades,
Chaque jour un peu plus pelés,
Et leur vivante palissade
Est fatiguée de résister.
Car les insectes les dévorent,
Et la pollution, et la suie …
Et le spectre noir de la mort
En fait de maigres parapluies.
Mais sous la ramée décharnée
Croissent toujours de fraîches pousses :
Oignons, courgettes et panais,
Aubergines, tomates rousses :
Légumes gras, herbes bien vertes
Sous cette pauvre ombre si vieille
Qui leur est chaque jour offerte
Pour les protéger du soleil.
Malgré leurs quelque cent ans d’âge,
Un paysan va les brûler,
Les offrant en dernier hommage
Aux brandons de sa cheminée.
Leur âme alors, torche fusante,
Montera là-haut en spirale
Au paradis bien frais des plantes,
Près du chant crissant des cigales.