Sonnet
Sur la pointe d’un if un nuage est posé,
Aussi léger et blanc qu’un duvet de coton.
Tout bouclé, friselé, crépu comme un mouton,
Il est seul et ponctue l’azur presque violet.
Le mistral a chassé ses frères dispersés
Jusqu’aux confins du ciel, là-bas, vers l’horizon.
Il est tendre et moelleux comme un gros édredon,
Avec des taches ros(e)s sur son ventre pommé.
Mais le vent est si fort qu’il l’oblige à s’enfuir :
Bien qu’il enfle et se gonfle, il ne peut plus tenir.
Bouté bien malgré lui au-dessus de la mer
Il n’est plus qu’un nuage anonyme, en déroute,
Perdu dans la cohue du troupeau. Et amer ,
Il se recroqueville en pleurant quelques gouttes.